THÉORIE VISUELLE : FUN+SERIOUS
DANSE MACHINE & CHAÎNE DE MONTAGE : LA STANDARDISATION DES CORPS
Cours d'histoire de l'art
Le 3 décembre 2015 de 12h30 à 13h30
Auditorium
À Manchester en 1890, où John Tiller qui dirige l'usine de coton familiale fait faillite et met son récent désoeuvrement au profit de sa fascination pour la danse de cabarets. Revisitant les principes, la cadence et la précision des chaines de montage de l’usine, il les applique au spectacle et crée une troupe de jeunes danseuses : les Tillers Girls. En déplaçant la standardisation de l’usine vers l'entertainment, du travail vers le plaisir, via le spectacle de masses cadencés, Tiller se fait l’écho d’une perte de l’individualité et d’un mécanisme d’aliénation du sujet qui produit des formes de désarticulation et de dislocation des corps propres à la modernité. Cette dynamique initiée et amplifiée par la standardisation trouve son pendant avec les Hiller Girls, ces ballets organisés pour les nazis copiant à l’identique ceux de Tiller. Certaines formes de la démocratie et du nazisme seraient-elles interchangeables ?
À travers dix close-ups sur des œuvres, des objets, des films, des individus et des événements issus de la culture populaire, du serial killer à la magie, de la danse synchronisée au spectacle du désastre ou du langage morse et du chant des créatures disparues à la bataille entre art et design, Théorie visuelle : Fun+Serious invite à parcourir une galerie de portraits de l'extrême et à repenser les liens entre art, architecture et design.
Reprenant à Walter Benjamin la figure d'incarnation de l'historien par le détective privé à la recherche d'indices, et l'habitation comme scène du crime, Théorie visuelle : Fun+Serious repose sur des enquêtes et l'intégration d'éléments et de faits oubliés ou cachés par la perception de la continuité apparente de l'histoire de l'art. Cet écart répond à l'idée que le théoricien est un faiseur d'histoire et que le déplacement vers des territoires oubliés et la marge inaugure de nouvelles interprétations s'attaquant aux lieux communs, évidences, clichés et à l'ordre habituel des choses.
Alexandra Midal est commissaire d'exposition indépendante.
Politique-Fiction (Cité du design, Saint Étienne) ; Liberté, égalité, fraternité (Wolfsonian Museum, Miami) ; Tomorrow now: When design meets sci-fi (Mudam, Luxembourg),... et à la tête de la Design Project Room : Marguerite Humeau, Noam Toran, Superstudio, Auger-Loizeau, Carlo Mollino, Charles et Ray Eames, El Ultimo Grito,... Docteur en histoire de l'art, elle a été directrice du Frac de Haute-Normandie, assistante de Dan Graham, pensionnaire de la Villa Médicis avant d'être Teaching assistant à Princeton University et elle est actuellement professeure à la Haute école d'art et de design (HEAD) de Genève.
Alexandra Midal a notamment publié : Tomorrow now — When design meets science fiction ; Atelier van Lieshout ; L'économie libidinale ; Antedesign : Petite histoire de la capsule d'habitation en images ; Design : Introduction à l'histoire d'une discipline.
Depuis 2009, elle développe une perspective théorique et critique de l'histoire des idées via un projet de théorie visuelle Hocus Pocus : Twilight in my mind ; Politique-Fiction ; Villa Frankensthein ; Domestic Psycho,... avec lequel elle examine de nouvelles hypothèses pour révisiter la triangulation entre design, art et architecture.
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES :
• Salle de communication, 1er étage
• Voie d'accès pour personnes handicapées
• Tarifs : gratuit pour tous
Plus d'information :
bit.ly/1WzkjyE